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Transmission d’entreprises : TPE-PME recherchent patrons !

Pour la première fois, le baromètre BPCE des cessions transmissions d’entreprises s’intéresse tout particulièrement au destin des TPE Françaises. Un portrait objectif, loin des idées reçues.

Pour la première fois, le baromètre BPCE des cessions transmissions d’entreprises s’intéresse tout particulièrement au destin des TPE Françaises, dont 2 sur 3 sont vouées à disparaitre sans repreneur... Un portrait objectif, loin des idées reçues.

 

75 000 cessions annuelles et 1,2 million d’emplois concernés


Chaque année, l’Observatoire BPCE  dresse un bilan des cessions-transmissions d’entreprises françaises.

Basée sur une analyse des informations disponibles (cessions officialisées, changements d’actionnaires majoritaires…), cette étude s’est focalisée, depuis cinq ans, sur les ETI et les PME.

Pour la première fois, elle s’intéresse également au sort des 1,7 million de sociétés commerciales de moins de 10 salariés. Et constate des disparités fortes entre l’idée reçue et une réalité en demi-teinte, peu favorable aux plus petites structures.
 
En 2014 (dernière année étudiée), le nombre des cessions et transmissions de PME et d’ETI a baissé par rapport à l’année précédente – passant de 16 348 à 15 364 –, mais reste proche de la valeur de référence : 15 600 opérations annuelles. Au total, ces cessions représentent 13,5 % de la valeur ajoutée totale (c’est-à-dire de création de richesse) des PME et ETI, pour un total de 1,2 million d’emplois, parmi lesquels 450 000 pour les seules PME.
 

Le critère clé : la taille de l’entreprise


Le critère le plus déterminant est sans conteste la taille de l’entreprise. Plus l’effectif augmente, plus les chances de survivre au propriétaire initial s’améliorent.

Alors que le taux de cession-transmission des structures de 10 à 19 salariés culmine à 6,4 %, il approche le double pour les entités de 50 à 249 salariés, et dépasse 15 % pour celles de 250 salariés et plus.

Du côté des TPE, la tendance est encore plus nette : les 45 761 entreprises de moins de dix salariés cédées ou transmises en 2014 représentent seulement 2,7 % du parc. C’est trois fois moins que la moyenne des PME-ETI (7,3 %).

Les cessations d’activité – soit par décision judiciaire, soit par « mort naturelle » en l’absence de repreneur ou par choix du dirigeant – sont aussi, parmi les TPE, deux fois plus nombreuses que les reprises et les transmissions, alors qu’elles sont deux fois moindres parmi les PME. Elles représentent 100 000 disparitions chaque année.

De fortes disparités selon les secteurs d’activité


Tous les secteurs ne sont pas égaux. Lorsque l’on croise les taux de cession et de disparition selon l’activité, on peut distinguer quatre catégories :

  • Les commerces de détail et surtout l’hôtellerie-café-restauration, dont 14 % des structures ont soit été vendues, soit été contraintes de jeter l’éponge en 2014, connaissent des taux de cession et de mort judiciaire en général élevés.
  • Les petites sociétés industrielles, le commerce de gros, les services spécialisés et l’enseignement/santé/action sociale se renouvellent peu, et ont davantage tendance à connaître une mort naturelle qu’une cession.
  • L’industrie agroalimentaire, l’immobilier et les autres métiers de services sont caractérisés par de bons taux de cession et sont rarement appelés à stopper toute activité.
  • La construction, le transport ou encore le secteur de l'information et de la communication : le dernier groupe réunit des secteurs où la cession est rare et le taux de disparition élevé. Parce que le capital financier et humain requis pour démarrer reste modéré, les entrepreneurs potentiels optent le plus souvent pour la création d’entreprise, au détriment de l’acquisition d’une structure existante.
 

9 % des TPE seraient à vendre


Le croisement des données objectives avec les souhaits exprimés par les dirigeants révèle un écart important entre l’intention de passer la main et le passage à l’acte.

59 % des patrons de TPE déclarent – selon une étude qualitative également menée par l’Observatoire BPCE – qu’ils envisageraient de vendre si une proposition de reprise leur était faite.

Un sur quatre annonce vouloir céder dans les deux ans. En minimisant au maximum, 9 % des TPE, soit 155 000 entreprises seraient aujourd’hui en quête de repreneur. Soit un rapport de 1 à 3,4 entre la volonté ferme de dirigeants déterminés à vendre et les quelques 46 000 cessions qui se sont réellement concrétisées sur une année.

Les dirigeants français vieillissent


L’horizon de cession dépend de l’âge des dirigeants. 58 % des moins de 40 ans n’envisagent pas de se séparer de leur affaire dans les dix ans. À l’inverse, 57 % des 60 ans et plus souhaitent le faire dans un délai de deux ans. Mais, alors que plus de la moitié des quadragénaires parvient à trouver un repreneur, moins d’un quart des sexagénaires et 17 % seulement des dirigeants âgés d’au moins 65 ans réussissent à céder leur affaire. Conséquence, faute d’issue positive, la majorité d’entre eux se résout à rester à la barre.

Même son de cloche du côté des PME et des ETI, où le vieillissement des dirigeants s’accélère : de 14,6 % en 2005, la proportion de 60 ans et plus atteignait 17,2 % en 2010 et dépasse désormais 21 %. 8,6 % ont même plus de 66 ans. Or la logique de désendettement et de limitation des investissements caractéristique des dirigeants âgés est de nature à réduire le potentiel de croissance total des PME et à fragiliser l’économie nationale

Encore trop de disparitions par manque d’anticipation


Le nombre réduit de cessions ou de transmissions de TPE ne s’explique pas seulement par la tendance à la création d’entreprise, et au manque de formation des candidats, tant aux mécanismes de la reprise qu’aux savoir-faire spécifiques liés à certaines activités. Seule une petite majorité des 60 ans et plus avoue avoir « pris quelques précautions » pour sécuriser l’avenir de son affaire. Trop d’entre eux s’obstinent aussi à rechercher un hypothétique repreneur idéal, plaçant devant les conditions financières de l’accord des facteurs humains certes louables, mais de nature à constituer un frein supplémentaire.

La transmission familiale, une fausse bonne idée ?


L’image de l’aîné reprenant l’affaire créée par son père a vécu. Avec seulement 12 % de transmissions intrafamiliales, la France est l’une des plus mauvaises élèves européennes, loin derrière l’Allemagne (67 %) ou encore l’Italie (78 %). Au-delà du désir légitime de léguer des valeurs à la génération suivante, de multiples freins contribuent à réduire ces transmissions à peau de chagrin : impossibilité de léser les autres héritiers, absence d’appétence ou de qualification de « l’élu »…

Pourtant, le taux de survie à trois ans est plus élevé en cas de transmission familiale que lorsque l’entreprise est cédée à un tiers. Et si les cessions ordinaires se traduisent par une croissance légèrement plus forte (10 % contre 9 %), leur progression s’avère, sur le long terme, moins régulière.

Reste à rendre plus lisible le pacte Dutreil, censé favoriser les transmissions intrafamiliales par un allègement de la fiscalité sur les donations et les successions. Ce dernier, trop souvent perçu comme un piège inextricable, suscite surtout… de la défiance. Affaire à suivre.

 

 

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