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Mortaza Behboudi, réfugié afghan, journaliste et entrepreneur

Photo de Mortaza Behboudi


2015. Mortaza, reporter en Afghanistan, arrive en France. Trois ans plus tard, il est sélectionné pour participer au programme dédié aux entrepreneurs réfugiés de la Fondation Generali, The Human Safety Net. Son projet : créer un média indépendant et collaboratif porté par des journalistes réfugié(e)s et des journalistes français(e)s : Guitinews. Rencontre.

Une audace et une persévérance à toute épreuve

Les premiers temps en France ont été difficiles. Heureusement, Mortaza trouve une aide précieuse auprès de la Maison des Journalistes, association qui s’occupe depuis 2002 des journalistes exilés politiques en France. Très vite, le reporter décide d’apprendre le français pour se sentir moins isolé. Aujourd’hui, il manie la langue avec une aisance déconcertante.
2015. C’est aussi la COP 21 à Paris. Partout, les logos verts aux couleurs de cet événement planétaire. Mortaza veut en être et s’inscrit pour y participer alors qu'il n'a même pas encore ses papiers. Sa demande est acceptée et il a l’occasion d’interviewer Justin Trudeau, le Premier Ministre canadien.
Cette expérience incroyable lui fait prendre conscience que tout est possible.  Le journaliste commence alors un Master de relations internationales et action étrangère à la Sorbonne. Il ne perd pas pour autant le contact avec sa profession de journaliste et, durant ses études, il écrit des articles pour des médias français (Mediapart, Libération...) et internationaux.

Guiti News : proposer une autre vision des migrants

Très vite, Mortaza se sent investi d’une mission : faire entendre la voix des migrants. Il crée alors Guiti News, un média en ligne qui propose une autre vision des migrants. En perse, "Guiti" signifie le monde et l’univers.
Il s’entoure alors de journalistes français et de journalistes réfugiés qui viennent des quatre coins du monde. Cette diversité est indispensable pour Mortaza : "elle encourage un double regard franco-réfugié sur l’actualité en France, le partage d’opinions, de points de vue différents mais aussi partage de compétences. Par nos expériences diverses, nous pouvons proposer des regards croisés sur des sujets de société et proposer par exemple une réponse à la question : quel regard porte un réfugié sur la France ?"
Depuis janvier 2019, Guiti News diffuse des reportages photos, vidéo et des dessins de presse. L’objectif du journaliste est aussi de proposer des reportages inspirants et positifs : "Aujourd’hui, de nombreux médias parlent de crise, de conflits. Tout en conservant un aspect critique, on aimerait inspirer le public à travers des reportages positifs, donner la parole aux initiatives méconnues."

Se donner les moyens de ses ambitions

Pour mener à bien ce projet, Mortaza est allé à la rencontre des journalistes français et réfugiés qui pourraient composer l’équipe de Guiti News. Il a également lancé une campagne de crowdfunding qui permettra de rémunérer les journalistes mais aussi d’acheter du matériel.
"J’ai aussi compris qu’il était difficile de trouver un travail stable dans les médias français pour les journalistes réfugiés, même pour ceux qui sortent de la fac. J’ai trouvé qu’il y avait un manque à combler pour tous ces aspirants journalistes", reconnaît volontiers Mortaza.
Mortaza et son équipe entendent être visibles grâce à leur ténacité, leurs idées. Certains journalistes fondent un média grâce à un carnet d’adresses, ce n’est pas leur cas. Mais Mortaza est motivé, travaille dur et déborde d’idées pour rendre son rêve - leur rêve - accessible. Il sera également engagé dans l'animation d'activités d'éducation aux médias et de promotion de la liberté de la presse, thématiques chères à sa rédaction.

Le rôle de The Human Safety Net

Pour mener à bien son projet, Mortaza a pu compter sur le soutien de la fondation The Human Safety Net que l’association Singa lui a fait connaître alors qu’il cherchait un local pour travailler.
Intégrant le programme en 2018 pour 6 mois, le jeune entrepreneur et son équipe ont pu participer à plusieurs formations. Parmi les thèmes abordés : la gestion de projet, le pitch de son idée et la prise de parole en public.
Comme il le reconnaît bien volontiers, il n’a aucun problème avec ces deux derniers points. Mortaza mesure en revanche toute l’importance d’aborder son projet sous l’angle financier. Les formations dispensées par des experts en la matière ont été des aides aussi précieuses qu’indispensables à la réussite du projet entrepreneurial de ce nouveau chef d’entreprise.

Portrait de Mortaza

 

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