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Point Marché du 13/04/2020 : l'impact du coronavirus sur les marchés financiers

Rédigé le 13 avril 2020 par Alessandra Gaudio, Directrice des Solutions Patrimoniales.

La crise sanitaire sans précédent provoquée par le coronavirus (COVID-19) se double d'une profonde crise économique. Quelles sont les actions en cours, et dans ce contexte, comment agir sur les marchés financiers ?

Depuis le 26 mars, les Etats-Unis sont devenus le premier foyer de l'épidémie en nombre de cas dépistés. Un bilan déjà supérieur au nombre total de cas détectés en Italie, en Espagne et en France. Le système de santé américain, bâti sur un système libéral, fait de plus craindre une forte hausse du nombre de décès dans un pays où 27,5 millions d’américains ne bénéficient d’aucun remboursement de frais de santé.

La crise sanitaire, l’épreuve d’une génération ? 

  • Une crise globale.

Un chiffre lu cette semaine est éclairant sur sa portée et son importance : le simple nombre d’individus appelés à rester à domicile est aujourd’hui deux fois plus important que la population mondiale lors de l’épisode de grippe espagnole.

  • Une crise absolue.

Aucun individu ne peut se considérer comme étant à l’abri du risque de contamination, Premiers Ministres comme simples citoyens. Le cap de deux millions de personnes infectées dans le monde depuis son apparition fin 2019, en Chine, a été franchi. Aucune aire géographique n’est épargnée. Pour les pays les plus fragiles, cette pandémie s’annonce catastrophique.

En termes sanitaires, là où les pays développés peuvent adopter des mesures de confinement drastiques, cela est souvent impossible dans des contextes de bidonvilles urbains surpeuplés.

En termes économiques, ce revers risque de replonger des millions de personnes, même celles appartenant à la « classe moyenne émergente », vers l’extrême pauvreté. La réalité de l’après-crise sera donc probablement aussi l’exacerbation des crises migratoires. Face à ces défis, les stratégies de déconfinement des différents pays se précisent. La Chine déconfine Wuhan, berceau du coronavirus : c’est un symbole. La grande interrogation réside néanmoins dans les modalités de déconfinement. Il faut en effet empêcher une nouvelle accélération de la propagation du virus, tout en évitant une fermeture excessivement prolongée, qui pourrait se révéler désastreuse à long terme sur l’économie.

Côté scientifique, des espoirs naissent grâce aux nombreuses études cliniques et à plus de 40 projets qui portent sur la recherche d’un vaccin. Mais les vaccins commerciaux ne seront au mieux disponibles sur le marché qu’en début 2021 et les grandes campagnes de vaccination devront vraisemblablement attendre le second semestre 2021. 

Entre temps, nous sommes tous exposés au risque de nouvelles vagues, n’ayant pas encore atteint un taux d’immunité collective suffisant (60 % de la population mondiale, selon les dernières études).

Quelles sont les actions en cours ?

Au-delà des progrès scientifiques et des mesures sanitaires, les gouvernements et les banques centrales ont apporté un soutien massif et inédit à l’économie afin d’assurer une reprise plus rapide et plus soutenue de l’activité et ainsi éviter que la récession prenne la dimension d’une dépression, avec ses très lourdes conséquences.

Aux Etats-Unis, une nouvelle enveloppe comprise entre 1 000 et 1 500 Md$ est à l’étude au Congrès. Parmi ces aides, il s’agit de débloquer une aide supplémentaire de 250 Md$ pour les petites entreprises. De son côté, la Réserve Fédérale, par l'intermédiaire des banques, proposera des prêts d'une durée de quatre ans aux entreprises de 10 000 employés maximum et achètera directement des obligations émises par les Etats, les comtés et les villes les plus peuplés du pays. Elle lance également un programme d’achat d’obligations d’entreprises de toute notation, ainsi que des ETF sur des indices High Yield. Elle souhaite dorénavant aller bien outre son rôle classique qui comporte le maintien de la liquidité et du bon fonctionnement des marchés, pour assurer celui de fournir aux Etats-Unis les moyens économiques et financiers nécessaires pour faire face à l'urgence sanitaire.

Face à cette force de frappe, l’Europe, qui a des atouts certains en termes d’amortisseurs sociaux et de structures sanitaires par rapport aux deux grands géants économiques que sont la Chine et les Etats-Unis, semble pour l’instant démontrer de ne pas avoir l’atout, qui est fondamental, du jeu collectif face à une crise.

Les pays européens restent en effet malheureusement divisés sur la création d’Eurobonds, les obligations mutualisées qui permettraient de financer une relance de l'activité économique par une dette européenne. Les ministres proposent à la place que le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), créé en 2012 lors de la crise de la dette de la zone Euro et financé par les Etats membres, puisse prêter de l'argent à un Etat en difficulté à hauteur de 2 % de son PIB, soit jusqu'à 240 Md€ pour l'ensemble de la zone Euro.

Deux autres mécanismes, plus consensuels, sont à l’étude.

  • Le premier vise à créer, via la Banque Européenne d'Investissement (BEI), un fonds de garantie qui permettrait de mobiliser jusqu'à 200 Md€ pour les entreprises.
  • Le second consiste à valider le projet de la Commission Européenne afin de créer un instrument pour garantir des interventions à hauteur de 100 Md€ maximum.

Côté OPEP, un accord historique vient d’être entériné entre l’Arabie Saoudite et la Russie pour réduire la production de pétrole de 10 mill. barils / jour, un niveau égal à 10 % de l'offre mondiale, la plus grande baisse de production de l'histoire. Cela mettra fin à la guerre des prix déclenchée début mars et stabilisera le prix de l’or noir.

La période actuelle est encore celle de l’urgence et du désordre, mais dès maintenant se pose la question de quels seront les équilibres géopolitiques de l’après crise. A moyen et long terme, les cartes pourront être rebattues et la partie a déjà débuté.

Dans ce contexte, comment agir sur les marchés ?

Les marchés ont récemment été portés par des statistiques encourageantes en Italie et en Espagne, les deux pays les plus touchés en Europe, et la levée du bouclage de la ville de Wuhan en Chine. La nouvelle de l’accord OPEP est certainement positive pour le secteur pétrolier, bien représenté dans les indices actions, et pour les pays producteurs.

La hausse des marchés actions a été enfin alimentée par les espoirs des nouvelles mesures de soutien aux économies et par l'annonce de Bernie Sanders, dont le programme avait tout pour déplaire à Wall Street, de la fin de sa campagne pour l'investiture démocrate en vue de l'élection présidentielle de novembre aux Etats-Unis. Malgré une nette détente de l’aversion au risque, le VIX, principal indicateur de volatilité, reste à des niveaux historiquement élevés, au-dessus de 40.

La saison des résultats qui débutera aux Etats-Unis offrira des commentaires plus précis de la part des entreprises sur les impacts de la crise et pourra entraîner des révisions du consensus pour 2020 et 2021. Nous continuons à penser qu’il faut rester sélectifs. Les occasions d’investissements sont suffisamment nombreuses pour ne pas ajouter à une prise de risques, celle de la liquidité ou d’une moindre qualité.

 

Ce Point Marché a été réalisé dans un but d’information uniquement et ne constitue pas une recommandation personnalisée ni une invitation à la souscription de produits ou de services. L’investisseur est seul juge du caractère approprié de ses décisions. Generali ne saurait être tenu pour responsable d’une décision d’investissement ou de désinvestissement prise sur la base des informations contenues sur cette page.

 

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