jeune fille pensive sur son lit

Comment lutter contre le cyberharcèlement de vos enfants ?

Insultes, rumeurs, usurpation d’identité… Le harcèlement scolaire a pris une nouvelle forme en ligne et sur les réseaux sociaux. Face à ce fléau silencieux, comment savoir si votre enfant est victime de cyberharcèlement et comment le protéger efficacement ? Voici les bons réflexes à adopter.

Le cyberharcèlement en résumé

Le cyberharcèlement est un phénomène grave, mais des solutions existent pour y faire face. En tant que parent, vous avez un rôle clé : en instaurant une communication bienveillante, en éduquant à un usage réfléchi du numérique, et en étant attentif aux signes d’alerte, vous pouvez protéger votre enfant et l’accompagner sereinement.

Enfin, n’oubliez pas que vous n’êtes pas seul. De nombreux organismes, associations et professionnels peuvent vous aider. Le premier pas, c’est souvent d’en parler.

Définition : qu'est-ce que le cyberharcèlement ?

Le cyberharcèlement est une forme de harcèlement moral assez récente qui se propage via les technologies numériques : téléphone portable, réseaux sociaux, messageries instantanées, plateformes de jeux, forums, blogs, etc. Il se manifeste par des attaques répétées (insultes, moqueries, menaces, rumeurs, voire usurpation d’identité) à l’encontre d’une personne, dans le but de l’intimider, de l’humilier, de l’isoler ou de la blesser.

Ce harcèlement en ligne peut être public (sur un mur Facebook, un forum, une vidéo partagée) ou privé (messages directs, SMS, emails). Son impact est souvent amplifié par la viralité d’Internet : un message malveillant peut être vu, partagé et commenté par des centaines de personnes en quelques secondes. Souvent, l’auteur est une connaissance de la victime rencontrée à l’école, par l'intermédiaire d'amis ou un club sportif.

Bien que les auteurs des propos soient tenus pour responsables, la responsabilité des « intermédiaires techniques » peut aussi être engagée s’il est avéré qu’ils avaient connaissance des messages publiés et qu’ils ne les ont pas retirés. Ces intermédiaires peuvent être les responsables d’un forum, d’un réseau social, d’un jeu en ligne ou d’un hébergeur de blog.

 

Selon une étude de l’Association e-Enfance/3018 et la Caisse d’Épargne, 24 % des enfants de 6 à 18 ans ont été touchés par le cyberharcèlement en 2024.

Exemples de harcèlement par Internet : situations typiques

Le cyberharcèlement peut prendre plusieurs formes. En voici quelques exemples :

  • le harcèlement sur les réseaux sociaux : un enfant est la cible de moqueries publiques sur Instagram, Snapchat ou TikTok ;
  • le chantage à l’image : un camarade de classe menace de publier des photos ou des vidéos embarrassantes ;
  • le "happy slapping" : des violences filmées et diffusées sans le consentement de la victime ;
  • l’usurpation d’identité : quelqu’un crée un faux profil au nom de l’enfant pour diffuser de fausses informations ou se moquer de lui ;
  • le flood (ou flooding) de messages insultants ou menaçants : une pratique qui consiste à inonder la victime de messages malveillants sur son téléphone ou sur les réseaux jour et nuit ;

Ces comportements, même s’ils sont virtuels, ont des répercussions bien réelles sur la victime.

Le cyberharcèlement en quelques chiffres

Quels sont les risques et les conséquences du cyberharcèlement ?

Chez les enfants (comme chez les adultes), le cyberharcèlement peut engendrer de profondes souffrances psychologiques, et dans certains cas, des conséquences tragiques. Parmi les effets les plus courants, on trouve l’anxiété et la dépression, l’isolement social, la baisse de l’estime de soi, des troubles du sommeil et de l’alimentation, des troubles psychologiques ou émotionnels, le décrochage scolaire, la violence. Dans les cas les plus graves, les jeunes peuvent avoir des idées suicidaires, voire passer à l’acte.

Le caractère permanent du harcèlement numérique (les messages peuvent revenir sans cesse, même à la maison) renforce ce sentiment d’impuissance. Il est donc indispensable d’agir tôt, avec bienveillance et fermeté.


Bon à savoir
Le cyberharcèlement est puni par la loi qui prévoit de lourdes sanctions à l’encontre de ses auteurs : 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende ou, si la victime est mineure, 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.

Cyberviolence : reconnaître les signes du cyberharcèlement chez un enfant

Le cyberharcèlement n’est pas toujours visible. L'auteur se cache derrière un écran, et souvent, les enfants hésitent à en parler par peur de représailles ou de ne pas être crus. Ils préfèrent garder le silence et se replient sur eux-mêmes. En tant que parent, il est donc essentiel d’apprendre à reconnaître les signaux d’alerte.

Parmi les signes comportementaux les plus fréquents chez les victimes de cyberharcèlement, on retrouve :

  • un changement soudain d’attitude (repli sur soi, irritabilité, troubles du sommeil ou du comportement alimentaire) ;

  • une perte d’intérêt pour les activités habituelles ;

  • une angoisse à l’idée de se connecter à Internet ou de se rendre à l’école ;

  • des douleurs somatiques ou des plaintes inexpliquées d’origine émotionnelle (maux de ventre, migraines) ;

  • une dégradation des résultats scolaires.

Attention, il est important de rester attentif et de ne pas sous-estimer ces manifestations. Agissez rapidement dès que vous avez un doute, sans dramatiser ni minimiser les ressentis de l’enfant.

Mon enfant est victime : que faire en cas de cyberharcèlement ?

D’après la même étude que précédemment, 27 % des élèves de primaire ont été confrontés à des cyberviolences au moins une fois. Si vous découvrez que votre enfant est victime de cyberharcèlement, il est crucial de briser le silence et de le rassurer. Parlez avec lui et faites-lui comprendre qu’il n’est pas seul. Voici les étapes à suivre en cas de cyberharcèlement.

  1. Écoutez sans juger : laissez votre enfant s’exprimer librement, sans l’interrompre ni minimiser ce qu’il vit.
  2. Collectez les preuves du harcèlement : faites des captures d’écran des messages et photos ou enregistrez les emails et les vidéos compromettantes. Ces éléments peuvent être utiles en cas de dépôt de plainte.
  3. Bloquez les cyberharceleurs : utilisez les fonctions de blocage sur le smartphone et les réseaux sociaux. Surtout ne répondez pas aux harceleurs.
  4. Signalez les faits : sur la plupart des réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Snapchat, Twitter, YouTube, etc.), il est possible de signaler les cyberviolences. Sinon, appelez le 3018 ou connectez- vous directement à la plateforme de signalement de contenus illicites de l'Internet Pharos afin de demander le retrait des contenus illicites. Prenez également rendez-vous avec l’établissement scolaire de votre enfant pour expliquer la situation. L’équipe éducative pourra vous aider et trouver des solutions si les cyberharceleurs sont d’autres élèves.
  5. Déposez plainte : vous pouvez également porter plainte si vous le souhaitez.
  6. Accompagnez psychologiquement votre enfant : un soutien psychologique peut être essentiel pour l’aider à surmonter cette épreuve.

 

À éviter. N’essayez pas de gérer la situation par vous-même, ni de contacter l’auteur des faits : vous pourriez aggraver la situation.

 

Stop au cyberharcèlement : les numéros à contacter

Voici les numéros à appeler pour signaler un cyberharcèlement, demander conseil ou vous faire accompagner.

  • 3018 : c’est le numéro national d’aide contre toutes les formes de harcèlement, dont le cyberharcèlement, qui touchent les jeunes, enfants et adolescents. Il est gratuit, anonyme et disponible 7 jours sur 7, de 9 h à 23 h. Confidentiel, il est aussi ouvert aux parents et aux professionnels pour tout renseignement ou signalement. Il existe également une application mobile.
  • 119 – Allô enfance en danger : ouvert 24 h sur 24, 7 jours sur 7 pour les enfants, adolescents et jeunes majeurs (de moins de 21 ans) pour tout type de violence (psychologiques, physiques, sexuelles).
  • En cas de danger immédiat, contactez en priorité le 17 ou 112 pour la police ou la gendarmerie, ou 18 pour les pompiers, ou le 114 par SMS pour les personnes sourdes et malentendantes.
Comment lutter contre le cyberharcèlement de vos enfants ?

Prévention : conseils pratiques contre le cyberharcèlement pour les parents

Lorsque votre enfant fait ses premiers pas sur Internet et les réseaux sociaux, il est indispensable de l’accompagner et de le sensibiliser aux risques du cyberharcèlement. L’idée est d’éviter qu’il ne soit confronté à une situation de cyberviolence, ou qu’il sache quoi faire si cela se produit. Voici 3 leviers d’action essentiels pour les parents.

1. Éduquer à l’usage responsable du numérique

À la maison, l’éducation numérique doit faire partie intégrante de l’éducation générale. Les enfants n’ont pas forcément conscience des risques qu’ils peuvent encourir sur Internet et les réseaux sociaux, ni des conséquences de leurs actions. C’est à vous en tant que parent de familiariser vos enfants aux usages numériques responsables et de leur expliquer :

  • les règles de respect et de courtoisie en ligne ;
  • l’importance de ne pas partager d’informations personnelles avec n’importe qui ;
  • le fonctionnement des réseaux sociaux, leur potentiel mais aussi leurs dérives ;
  • la liberté d’expression et ses limites ;
  • la portée des propos tenus sur Internet et les conséquences au niveau pénal ;
  • le droit à l’image et le respect de celui des autres.

Quelques conseils de base à transmettre à vos enfants

  1. Toujours réfléchir avant d’envoyer un message ou de publier une photo.
    Avant de poster une photo ou un commentaire, il est important de se poser quelques questions : "Est-ce que cela pourrait blesser quelqu’un ?", "Est-ce que je serais à l’aise si ce contenu était diffusé largement ?". Une fois en ligne, il est difficile de revenir en arrière. Même supprimé, un contenu ne disparaît jamais complètement.
  2. Protéger sa vie privée en ligne. Tout le monde a accès à Internet et au contenu publié. C’est pourquoi il est essentiel d’apprendre à configurer ses comptes pour limiter l’accès à ses publications et préserver ses informations personnelles.
  3. Choisir soigneusement ses amis sur les réseaux sociaux. N’ajoutez que des amis proches ou des personnes de confiance afin de garder le contrôle sur ce que vous partagez.
  4. Garder ses mots de passe secrets. Ils protègent vos comptes, mais aussi votre identité en ligne, d’où l’importance de les garder confidentiels.

N’hésitez pas à utiliser des ressources comme Internet Sans Crainte ou les kits pédagogiques de la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) pour aborder ces sujets.

2. Installer un dialogue de confiance

Le plus important est que votre enfant sache qu’il peut parler librement, sans craindre d’être puni ou incompris. Pour cela :

  • adoptez une attitude ouverte, sans jugement, ni critique ;
  • intéressez-vous à ses usages numériques en étant curieux et sans être intrusif ;
  • posez des questions ouvertes "Tu vois quoi en ce moment sur TikTok ?", "Tu sais comment bloquer quelqu’un sur Snapchat ?" ;  
  • encouragez votre enfant à parler de harcèlement et à se confier à un adulte de confiance (parent, enseignant, éducateur), qu’il soit victime, témoin ou acteur.

Ce climat de confiance est la meilleure arme contre le silence et la culpabilité que peuvent ressentir les jeunes victimes de violences numériques.

3. Mettre en place des outils de protection

Pour limiter les risques liés à l’usage d’Internet, il est essentiel de mettre en place des outils de contrôle adaptés à l’âge de l’enfant. Il existe aujourd’hui de nombreuses solutions permettant de mieux encadrer sa navigation.

Des applications de filtrage de contenu, comme Qustodio ou Norton Family, peuvent restreindre l’accès à certains sites ou types de contenus inappropriés. Il est également recommandé d’activer le contrôle parental sur les appareils numériques de l’enfant, mais aussi de vérifier régulièrement ses paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux, afin de s’assurer que ses publications ne sont pas accessibles à n’importe qui.

 

La limitation du temps d’écran constitue un autre levier important. Adapter les durées d’utilisation des écrans selon l’âge de l’enfant permet de prévenir la surexposition et d’encourager un usage plus raisonné. De même, il est utile de consulter régulièrement la liste de ses contacts ou les applications utilisées ainsi que ses activités en ligne, tout en instaurant un climat de confiance pour éviter toute intrusion perçue comme une surveillance excessive.

Ces outils et dispositifs techniques ne remplacent pas le dialogue avec l’enfant, mais ils complètent une démarche éducative fondée sur la prévention. Utilisés intelligemment, ils permettent de renforcer la sécurité numérique sans brider l’autonomie.

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