Le démembrement peut être appliqué à la clause bénéficiaire d’un contrat d’assurance vie. Il est ainsi possible de prévoir la transmission d’un capital à plusieurs personnes. Le plus souvent, le souscripteur de l’assurance-vie désigne son conjoint bénéficiaire de l’usufruit, et leurs enfants, bénéficiaires de la nue-propriété.
Avec une telle clause bénéficiaire, vous pouvez prévoir à la fois :
- le versement, à votre décès, de l’intégralité du capital accumulé sur le contrat d’assurance-vie à votre conjoint,
- le bénéfice pour vos enfants d’une créance de restitution à faire valoir sur la succession de l’usufruitier.
Les aspects fiscaux de la transmission démembrée du capital décès
En principe, en cas de décès de l’assuré, la compagnie d’assurance verse au(x) bénéficiaire(s) du contrat la valeur du contrat (ou une rente selon les termes du contrat).
Pour les contrats souscrits depuis le 13 octobre 1998, le régime fiscal des sommes versées au(x) bénéficiaire(s) est le suivant :
1. A hauteur des primes versées avant les 70 ans de l’assuré (et non du souscripteur si celui-ci est une personne différente de l’assuré) et des plus-values correspondantes, la part de chaque bénéficiaire, tous contrats confondus, fait l’objet :
- d’un abattement de 152 500 €,
- d’un prélèvement, opéré par l’assureur, au taux de 20% jusqu’à 700 000 € et de 31,25% pour la fraction excédentaire (Article 990 I du code général des impôts – CGI).
En situation de démembrement, la fiscalité précitée est répartie proportionnellement aux droits de l’usufruitier et du nu-propriétaire en appliquant le barème de l’article 669 du Code général des impôts (voir tableau ci-dessous). L’abattement de 152 500 € s’applique par couple usufruitier / nu-propriétaire et est réparti dans les même proportions.
Par exemple, si l’usufruitier a 65 ans, l’usufruit sera évalué à 40% du capital et la nue-propriété à 60%. 40 % de l’abattement de 152.500 € bénéficieront à l’usufruitier et 60 % au nu-propriétaire
2. A hauteur des primes versées à compter des 70 ans de l’assuré, l’assureur n’effectue pas de prélèvement. C’est le régime des droits de succession qui s’applique sur le montant brut des primes (les plus-values correspondantes à ces primes ne sont pas taxées) qui excède 30 500 € (Article 757-B du CGI). La fiscalité précitée est répartie proportionnellement aux droits de l’usufruitier et du nu-propriétaire en appliquant le barème de l’article 669 du Code général des impôts (voir tableau ci-dessous)
NB : lorsque le bénéficiaire est le conjoint ou le partenaire de Pacs et, sous conditions, les frères et sœurs à charge de l’assuré, les sommes versées sont exonérées de prélèvement (primes versées avant 70 ans) et de droits de mutation (primes versées à compter de 70 ans).
Barème de répartition de la valeur de l’usufruit et de la nue-propriété :
Âge de l'usufruitier |
Valeur de l’usufruit |
Valeur de la nue-propriété |
21 à 30 ans |
80 % |
20 % |
31 à 40 ans |
70 % |
30 % |
41 à 50 ans |
60 % |
40 % |
51 à 60 ans |
50 % |
50 % |
61 à 70 ans |
40 % |
60 % |
71 à 80 ans |
30 % |
70 % |
81 à 90 ans |
20 % |
80 % |
Plus de 90 ans |
10 % |
90 % |
Un exemple concret…
Monsieur Dupont a souscrit un contrat d’assurance vie sur lequel il a versé des primes avant son 70e anniversaire. La valeur de son contrat (primes et produits) s’élève à 500 000 €. Sa clause bénéficiaire est démembrée entre son épouse (quasi-usufruitière) et ses 2 enfants (nus-propriétaires).
A son décès, son épouse est âgée de 75 ans. Selon le barème fixant la valeur de l’usufruit, celui-ci représente 30 % de la valeur du capital et la nue-propriété représente les 70 % restant.
En sa qualité de conjoint, Madame Dupont est totalement exonérée du prélèvement prévu à l’article 990-I du CGI. En sa qualité de quasi-usufruitière, elle jouira des sommes figurant au contrat. Au décès de leur mère, ils pourront faire valoir à la succession, une créance correspondant aux sommes qui lui avaient été versées au titre du contrat d’assurance vie.
Fiscalement, chacun des 2 enfants a des droits en nue-propriété (70 % compte tenu de l’âge de l’usufruitière) sur la moitié du capital décès, soit : 175 000 euros.
L’abattement s’appliquant par couple usufruitier / nu-propriétaire, chaque enfant a droit d’utiliser 70 % de l’abattement de 152 500 euros, soit 106 750 euros. Après déduction de cette quote-part d’abattement (175 000 – 106 750 = 68 250 euros) le prélèvement de 20 % est appliqué. Chaque nu-propriétaire est redevable de 13 650 euros de prélèvement.