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Publié le 21/10/2023
Juin 2025, la Haute Autorité de Santé (HAS) publiait une recommandation de bonne pratique sur les usages de substances psychoactives en milieu professionnel. Parmi les enseignements à retenir, le fait que l’exercice d’un métier constituait une protection relative contre les dépendances aux substances psychoactives : les demandeurs d’emploi semblent plus sujets aux addictions.
De fait, l’emploi agit souvent comme un facteur de protection avec un rythme structuré, des responsabilités et des interactions sociales. A contrario, le chômage peut accentuer le stress, l’isolement ou la précarité, qui sont des facteurs de risque pour les addictions.
On constate cependant une forte augmentation des addictions en milieu professionnel au cours des 40 dernières années, et ce, à tous les niveaux hiérarchiques des entreprises. Parmi les substances les plus consommées : l'alcool, le tabac, les médicaments psychotropes et le cannabis.
Certains secteurs professionnels présentent des taux de consommation plus élevés que la moyenne. Et les conditions de travail difficiles peuvent aussi favoriser des usages à risque. Sont concernés les métiers des arts et des spectacles, de l’hébergement/restauration, de l’agriculture, du transport, de la construction et ceux en relation avec le public sont parmi les plus exposés.
Cette analyse révèle également une prévalence significative des usages de substances psychoactives, avec des disparités marquées selon le sexe.
Tabac : 28 % des hommes et 23 % des femmes actifs sont des fumeurs quotidiens.
Alcool : 19,8 % des hommes et 8 % des femmes présentent un usage dangereux, tandis que 27,5 % des hommes et 11,5 % des femmes connaissent des épisodes d’alcoolisation ponctuelle importante (API) au moins une fois par mois.
Cannabis : l’usage mensuel atteint 8 % chez les hommes contre 4 % chez les femmes.
Conclusion : ces chiffres traduisent une exposition masculine plus élevée aux conduites addictives en milieu professionnel, mais soulignent également la nécessité d'une prévention adaptée pour tous les salariés, quels que soient le sexe ou le secteur d’activité.
Les addictions à des substances psychoactives (tabac, alcool, cannabis…) sont les plus connues et documentées, souvent liées à des troubles physiques ou psychiques.
Les dépendances comportementales diffèrent et s’expriment de manières diverses : addiction au digital (smartphone, internet), au jeu (jeu vidéo, jeu de hasard…) et au travail (workaholisme ou ergomanie). Quelle que soit la nature de l’activité, la frénésie avec laquelle un individu s’y adonne occasionne une perte de contrôle et constitue un trouble pouvant mener à des problèmes de santé ou sociaux.
Construit à partir des mots « work » et « alcoholism », le mot-valise anglais « Workaholisme » désigne un investissement excessif dans le travail combiné à la négligence de la vie personnelle. Le « Workaholic » est un travailleur compulsif, pas forcément efficace, et n’éprouvant pas de satisfaction dans son travail. Son besoin de travailler est compulsif et incontrôlable, à l’image d’une addiction à une drogue. Le terme français désignant cet état est l’ergomanie.
Les pratiques addictives en milieu professionnel ne s’expliquent pas uniquement par des facteurs individuels : l’environnement de travail joue un rôle déterminant dans leur apparition ou leur aggravation. Certains mécanismes organisationnels, culturels ou relationnels peuvent générer une forme de vulnérabilité propice aux usages à risque. Voici les principaux leviers à surveiller de près.
La pression au travail : objectifs élevés, intensification des rythmes, reconnaissance insuffisante… autant de sources de stress pouvant pousser les salariés vers des comportements compensatoires.
Une culture d’entreprise permissive : dans certains milieux, la consommation d’alcool ou de tabac est intégrée aux rituels sociaux (repas d’affaires, afterworks, séminaires…).
Des conditions de travail pénibles : travail nocturne, isolement professionnel (chauffeurs, télétravailleurs…), ou gestion de situations émotionnellement chargées.
L’absence de soutien : sans sensibilisation ni dispositif interne, les salariés peuvent rester livrés à eux-mêmes face aux premiers signes de dépendance.
Les troubles addictifs en milieu professionnel peuvent être repérés à travers plusieurs situations clés.
Les visites de santé au travail — qu’elles aient lieu à l’embauche, de façon périodique, ou après un arrêt — constituent des moments privilégiés pour évaluer les usages de substances psychoactives.
Des signes indirects comme une fatigue persistante, une baisse de performance ou des troubles relationnels peuvent alerter les professionnels de santé au travail sur une possible consommation à risque.
Enfin, le signalement volontaire d’un salarié ou d’un collègue préoccupé peut initier une démarche de repérage, dans le cadre strict du secret médical.
L'entretien professionnel
L'entretien professionnel est une opportunité pour les responsables d'identifier les problèmes d'addiction chez leurs employés et de prendre les mesures nécessaires. Une bonne préparation est essentielle.
Premièrement, il est crucial de comprendre les signes d'addiction et de savoir comment aborder le sujet avec sensibilité. Les symptômes peuvent varier en fonction de la substance ou de l'activité, mais ils peuvent souvent inclure des changements de comportement, des problèmes de performance au travail et des problèmes de santé.
Financés par l’Assurance maladie, les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) sont portés par des associations (Association Addictions France…) et des établissements de santé.
Leurs missions vont de l’information à la prise en charge médicale et sociale des personnes souffrant d’addictions aux substances psychoactives ainsi qu’au jeu. Les soins sont dispensés au sein d’un centre de proximité, ou à domicile dans le cadre d’un accompagnement personnalisé.
Bon à savoir : les CSAPA proposent également des aides et conseils pour l’entourage de la personne addictive.
Le SPST intervient dans la prévention des pratiques addictives au sein de l’entreprise, à la fois collectivement (via des conseils aux employeurs et représentants du personnel) et individuellement (suivi de l’état de santé des salariés en lien avec les risques professionnels).
Le médecin du travail exerce ses missions au sein du SPST : son rôle est exclusivement préventif, veille à la santé des travailleurs en surveillant les conditions d’hygiène, les risques de contagion et les effets du travail sur la santé. Il bénéficie d’une indépendance professionnelle pour prescrire les examens nécessaires à l’évaluation de l’aptitude au poste — sans intervention ni obligation de la part de l’employeur, notamment en ce qui concerne le dépistage d’alcool ou de drogues.
Il peut organiser une visite médicale à tout moment si la situation du salarié le justifie, et reste soumis au secret médical, garantissant la confidentialité des informations de santé.
C’est une forme spécifique de SPST, mutualisée entre plusieurs entreprises. Il intervient principalement pour les PME, TPE et structures de moins de 500 salariés. Sa mission : éviter toute altération de la santé des personnes du fait de leur travail. Les addictions entrent dans le champ de compétences de ces associations qui regroupent des entreprises, sur un territoire donné (département, région…), pour sensibiliser, former et prévenir les risques professionnels.
L’adhésion est soumise à conditions (nombre de collaborateurs…). La liste des SSTI est disponible sur l’annuaire du service public.
L'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact) a déployé en 2022 le dispositif Prev’Camp (Prévention des conduites addictives en milieu professionnel), soutenu par le Fonds de lutte contre les addictions (FLCA). Ce programme d’accompagnement gratuit a pour objectif de faire progresser la prévention des conduites à risques, via des sessions d’information, de sensibilisation et la mise en place d’actions concrètes de lutte contre les addictions.
Pour faire appel à Prev’Camp, il suffit de contacter son agence régionale (Aract) dont la liste est accessible sur le site de l’Anact.
En plus de ses actions auprès des particuliers, Addict’AIDE (Village des Addictions) a ouvert un portail internet dédié aux pros. On y trouve : des informations sur tous les types de dépendances, des fiches pratiques, des tests pour s’auto-évaluer (dont un sur le workaholisme) et des ressources pour se faire aider.
Ce portail est soutenu par le Fonds de lutte contre les addictions et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA).
L'Institut fédératif des addictions comportementales produit un grand nombre d’informations et d’études relatives aux comportements addictifs : jeu d’argent, jeu vidéo, cyber-dépendance, shopping, sport, sexe, travail…
Des conseils et un annuaire de centres de soins sont accessibles pour les personnes dépendantes et pour celles et ceux qui souhaitent accompagner un proche dans sa lutte contre une addiction.
La consultation en addictologie est une étape essentielle pour les professionnels ayant développé une dépendance. Elle offre une occasion d'évaluer la consommation, la dépendance et les motivations pour arrêter. Cette consultation se fait généralement avec un addictologue ou un tabacologue, qui peuvent établir un protocole d'arrêt adapté à chaque cas.
Les consultations peuvent être réalisées en personne ou via la téléconsultation, permettant un accès à distance aux soins. Une variété de services sont disponibles en France pour aider les personnes avec une addiction, y compris des centres d'addictologie, des services de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) en Addictologie, et des équipes de liaison et de soin en addictologie (ELSA) qui forment des équipes hospitalières à l'addictologie. Ces services peuvent être individuels ou collectifs, et sont souvent dispensés par une équipe pluridisciplinaire comprenant des médecins addictologues, des psychiatres, des psychologues et des infirmiers.
Elle regroupe des associations, des professionnels du soin, de l'éducation, de la prévention et de l'accompagnement. Forte d'un réseau riche de 850 établissements et plus de 500 adhérents individuels, elle vise à développer des réponses ajustées aux problèmes d'addictions en plaçant l'usager au cœur de son action.
L'offre de la fédération se décline en plusieurs volets :
La Fédération se positionne ainsi comme un interlocuteur de choix pour les professionnels confrontés aux problématiques d'addictions.
Les complémentaires santé sont en mesure de prendre en charge tout ou partie d’une démarche médicale de désintoxication. C’est le cas notamment pour les substituts nicotiniques dans le cadre d’un sevrage tabagique.
Generali rembourse notamment les produits de cigarette électronique à hauteur de 40€ par an.
Cet accompagnement est inclus dans les formules proposées par Generali :
Contacts utiles :
Sources :
Le dispositif de soins en addictologie (site officiel)
Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles
Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail
Pour aller plus loin :
Alcool, drogues, médicaments psychotropes… les pratiques addictives et la dépendances des salariés à des substances ont une influence directe sur la santé et la sécurité au travail. Ces comportements à risques font aujourd’hui partie des priorités d’un employeur. En savoir plus.
Parmi les questions les plus fréquemment posées :
Le modèle des 5 C de l’addiction, proposé par le psychiatre addictologue Laurent Karila, permet de repérer les principales manifestations d’une conduite addictive. C’est un outil mnémotechnique simple et efficace.
Contrôle : perte de contrôle sur la consommation ou le comportement.
Compulsion : impossibilité de résister à l’envie de consommer ou d’agir.
Craving : désir irrépressible, obsessionnel de consommer (envie intense).
Continuité : usage répété et prolongé, malgré les tentatives d’arrêt.
Conséquences : poursuite du comportement malgré les effets négatifs (santé, travail, relations…).
Ce modèle s’applique aussi bien aux addictions avec substances (alcool, tabac, drogues…) qu’aux addictions comportementales (jeux, écrans, achats compulsifs…).
Surmonter l’addiction au travail passe par une prise de conscience des signes (stress, obsession, isolement), un accompagnement professionnel (médecin, psychologue), et des stratégies concrètes à mettre en place comme fixer des limites horaires, renouer avec des activités personnelles ou encourager une culture d’entreprise plus équilibrée. Une approche globale, individuelle et collective, est essentielle pour rétablir l’équilibre.
Des outils comme le test WART ou des applications de gestion du bien-être peuvent compléter l’accompagnement et favoriser un rééquilibrage sain entre vie professionnelle et personnelle.