En tant qu'auto-entrepreneur, quels sont vos droits à la retraite ?
Comme presque 3 millions de personnes en France, vous exercez une activité d'auto-entrepreneur1. Voici un rappel utile des droits à la retraite des auto-entrepreneurs, selon leur chiffre d'affaires.
Publié le 15/09/2025 - 10 min
Retraite des indépendants : est-ce que les auto-entrepreneurs cotisent pour la retraite ?
Le statut d'auto-entrepreneur, aussi appelé micro-entrepreneur, est plébiscité pour sa simplicité de gestion et pour ses cotisations fiscales et sociales allégées. Cependant, en matière de retraite, ce régime a des spécificités importantes à connaître. En tant qu'auto-entrepreneur, vous ne cotisez à la retraite que si vous déclarez un chiffre d'affaires. Autrement dit, si vous n'avez aucun revenu, vous ne validez aucun trimestre de retraite et n'accumulez pas de droits.
Votre retraite se construit sur deux piliers : la retraite de base et la retraite complémentaire. Comme pour les salariés, la retraite de base est calculée sur les 25 meilleures années d'activité, à condition d'avoir cotisé suffisamment.
Taux de cotisations : rappel du principe du régime micro-social simplifié
Lorsque vous choisissez le statut d'auto-entrepreneur, vous relevez automatiquement du régime micro-fiscal et du régime micro-social simplifié. Le régime micro-fiscal touche au montant de votre imposition tandis que le régime micro-social concerne le montant de vos cotisations et contributions sociales. Cela signifie que vous payez vos charges sociales (maladie, retraite, allocations familiales...) sous la forme d'un pourcentage fixe de votre chiffre d'affaires.
Les taux de cotisations sociales varient selon votre activité. Hors bénéficiaires de l’ACRE (aide à la création ou à la reprise d'une entreprise), ils sont fixés en 2025 à :
- activité d’achat/revente, de vente de denrées à consommer sur place et de prestations d’hébergement (Bénéfices Industriels et Commerciaux ou BIC) : 12,3 % ;
- prestations de services et professions libérales non réglementées hors CIPAV (Bénéfices Non Commerciaux ou BNC) : 24,6 % ;
- prestations de services (BIC) : 21,2 % ;
- location de meublés de tourisme classés : 6 % ;
- professions libérales réglementées relevant de la CIPAV (BNC) : 23,2 %.
Ces cotisations intègrent l'ensemble des contributions sociales réglées à l’Urssaf et concernent :
- l’assurance maladie-maternité,
- les allocations familiales,
- l’invalidité-décès,
- la retraite de base et la retraite complémentaire,
- la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).
En tant qu'auto-entrepreneur, le régime social simplifié permet de déclarer chaque mois, ou, sur option, chaque trimestre votre chiffre d’affaires auprès de l’Urssaf. Vos cotisations sont alors calculées automatiquement en fonction de votre chiffre d'affaires. Il est donc essentiel de comprendre que vos droits à la retraite dépendent directement du montant que vous déclarez et des cotisations que vous versez.
Caisse de retraite des auto-entrepreneurs
Notez que lors de la déclaration de votre micro-entreprise, vous êtes directement affilié à une caisse de retraite selon votre activité. De manière générale, c'est l’Assurance retraite du régime général pour les commerçants, les professions libérales non réglementées ou les artisans, ou la CIPAV (Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d'assurance vieillesse) pour les professions libérales réglementées. Vous avez un doute sur votre caisse de retraite ? Contactez l'Assurance retraite par téléphone au 39 60.
Statut auto-entrepreneur : comment cotiser efficacement pour la retraite ?
Pour construire une retraite solide en tant qu'auto-entrepreneur, il faut avant tout générer un chiffre d'affaires régulier et suffisant. Contrairement aux salariés qui cotisent chaque mois indépendamment de leur productivité, les auto-entrepreneurs ne cotisent que lorsqu'ils encaissent des revenus. Il est donc primordial de dépasser certains seuils pour valider des trimestres.
Ensuite, plus vous cotisez, plus vous accumulez de droits. En effet, les droits à la retraite des auto-entrepreneurs dépendent du montant des cotisations sociales versées. Sans chiffre d'affaires encaissé et donc sans cotisation, aucun droit à une pension vieillesse ne pourra être ouvert. La retraite de base repose sur la validation de trimestres, tandis que la retraite complémentaire fonctionne par un système de points : plus vos cotisations sont élevées, plus vous accumulez de points, et donc plus votre future pension sera importante.
Comment se passe la retraite quand on est auto-entrepreneur ?
Comme les salariés, vous devrez attendre l’âge de 64 ans si vous êtes né à partir du 1er janvier 1968 pour faire valoir vos droits pour toucher votre pension de retraite. Avec la réforme des retraites de 2023, l'âge de départ à la retraite augmente progressivement de 62 ans à 64 ans pour les personnes nées entre le 1er septembre 1961 et le 31 décembre 1967.
Cependant, pour percevoir une pension complète, il faut avoir validé un nombre de trimestres suffisants, déterminés en fonction de votre année de naissance (par exemple 172 trimestres si vous êtes né à compter du 1er janvier 1968). Si le nombre de trimestres n’est pas atteint, le montant de votre pension subira une décote, tant pour la retraite de base que la retraite complémentaire. Cette condition disparaît une fois que vous avez atteint l’âge de 67 ans. Bien sûr, il est possible de racheter vos trimestres pour prendre votre retraite avant 67 ans.
Quel revenu minimum un auto-entrepreneur doit-il faire pour valider 4 trimestres ?
Comme les salariés, un auto-entrepreneur peut valider jusqu’à 4 trimestres par an. Cependant, un trimestre n’est pas validé automatiquement, il dépend d’un montant minimum de chiffre d’affaires ainsi que de votre activité.
Voici le chiffre d’affaires minimum que vous devez réaliser pour valider entre 1 et 4 trimestres en 2025.
| Type d'activité | CA pour 1 trimestre | CA pour 2 trimestres | CA pour 3 trimestre | CA pour 4 trimestre |
| Vente de marchandises | 6 145 € | 12 290 € | 18 434 € | 24 579 € |
| Prestation BIC | 3 564 € | 7 128 € | 10 692 € | 14 256 € |
| Prestation BNC (CNPAV) | 2 700 € | 5 400 € | 8 100 € | 10 800 € |
| Prestation BNC (CIPAV) | 2 694 € | 5 388 € | 8 032 € | 10 776 € |
Ces montants sont revalorisés chaque année. Il est donc important de se référer aux données actualisées sur le site de l'Assurance retraite ou de l'Urssaf. À noter que si vous ne déclarez pas assez de chiffre d'affaires, vous ne validerez pas vos trimestres et vos droits à la retraite seront donc réduits.
Attention
Si votre chiffre d'affaires est utilisé pour calculer le nombre de trimestres validés, c’est votre revenu annuel qui est pris en compte pour vos droits à la retraite. C’est-à-dire qu’il s’agit de votre chiffre d’affaires imputé d’un abattement forfaitaire propre à votre activité :
- activités d'achat-revente ou de fourniture de logement : taux d'abattement de 71 % ;
- prestations de services : taux d'abattement de 50 % ;
- titulaires de bénéfices non commerciaux (professions libérales, agents commerciaux par exemple) taux d'abattement de 34 % .
À noter que ces abattements ne peuvent pas être inférieurs à 305 €.
Optimiser sa retraite d’auto-entrepreneur
Pour améliorer vos droits à la retraite, plusieurs leviers sont à votre disposition.
D'abord, augmenter votre chiffre d'affaires permet naturellement de cotiser davantage. Cela peut passer par :
- le développement de votre activité (trouvez de nouveaux clients) ;
- l'amélioration de vos tarifs (facturez à votre juste valeur) ;
- ou la diversification de vos prestations (proposez de nouveaux services).
Attention toutefois à ne pas dépasser les plafonds de chiffre d’affaires fixés par l'article 50-0 du Code général des impôts et variables selon l’activité. En 2025, les plafonds sont les suivants :
- ventes de marchandises et hébergements (hôtels, gîtes et chambres d’hôtes) : 188 700 € ;
- locations meublées non classées : 15 000 € ;
- locations classées et prestations de services : 77 700 €.
Ensuite, il est important de bien déclarer chaque euro que vous gagnez car tout ce que vous déclarez compte pour votre retraite.
Si vous avez eu une carrière salariée avant de devenir auto-entrepreneur, vous pouvez aussi faire un bilan retraite pour savoir où vous en êtes. Cela vous permet d'anticiper les trimestres manquants et, le cas échéant, de prévoir un rachat de trimestres.
Enfin, il est possible de compléter vos droits avec une retraite supplémentaire facultative. Par exemple, le Plan d'épargne retraite (PER) permet de se constituer une retraite privée en y versant régulièrement de l’argent. De plus, les sommes versées peuvent être déductibles de votre revenu imposable (au titre de la fiscalité de l’article 163 Quatervicies du Code général des impôts, vous ne pouvez pas bénéficier de la fiscalité « Madelin »), ce qui peut réduire vos impôts. Et cet argent va fructifier au fil du temps.
À lire : quel est le meilleur âge pour ouvrir un Plan épargne retraite (PER) ?
Puis-je cumuler retraite et emploi en auto-entrepreneuriat ?
Oui, il est tout à fait possible de continuer votre activité en tant qu'auto-entrepreneur une fois à la retraite ou de vous lancer dans l'auto-entrepreneuriat en percevant votre retraite de salarié grâce au dispositif cumul emploi-retraite dans le respect de certaines conditions :
- vous devez avoir liquidé (c’est-à-dire demandé et obtenu) tous vos droits acquis pour la retraite ;
- vous avez atteint l'âge légal de départ à la retraite ;
- vous n’avez plus de lien professionnel avec votre ancien employeur après la rupture de votre contrat.
À noter
Dans le cadre du cumul emploi-retraite, vous continuez à payer les cotisations sociales et l’impôt.
Cependant, il existe deux types de situations concernant le cumul emploi-retraite qui permettent d’acquérir des droits retraite supplémentaires.
Le cumul emploi-retraite intégral
Si vous avez liquidé l'ensemble de vos retraites de base et complémentaire et que vous partez à la retraite à taux plein, vous pouvez cumuler librement votre pension et les revenus issus de votre activité de micro-entrepreneur, sans plafond. Dans ce cas, votre activité d'auto-entrepreneur vous permet même de cotiser pour améliorer votre retraite.
Le cumul emploi-retraite plafonné
En revanche, si vous partez à la retraite sans avoir atteint le taux plein, le cumul est limité. Un plafond de revenus s'applique, au-delà duquel votre pension peut être réduite ou ne sera plus versée. Et dans cette situation de cumul emploi-retraite, aucun nouveau droit à la retraite ne vous sera ouvert. Votre activité d’auto-entrepreneur vous permet simplement de générer un revenu complémentaire.
Ainsi, si la somme de votre revenu mensuel d’activité d’auto-entrepreneur et de vos pensions de retraite de base et complémentaire dépasse 2 882,88 € brut (en 2024) ou bien dépasse votre dernier salaire d'activité, vos pensions de retraite (de base et complémentaire) sont déduites du montant du dépassement .
Pour les TNS (Sécurité Sociale des Indépendants), les nouveaux revenus d’activité ne doivent pas dépasser :
- la moitié du plafond de la Sécurité sociale soit : 1 962,50 € brut mensuel (au 1er janvier 2025) ;
- ou le plafond de la Sécurité sociale, en cas d’activité en zones de revitalisation ou quartier prioritaire, soit : 3 925 € brut mensuel (au 1er janvier 2025).
Pour les Professions Libérales : les nouveaux revenus d’activité doivent être inférieurs au Plafond annuel de la sécurité sociale (PASS), soit : 3 925 € net mensuel (1er janvier 2025). Ce plafond peut varier selon la section professionnelle de la CNAVPL (ex. CIPAV, CARPIMKO, CARMF, etc.)
Si le montant du dépassement est plus élevé que votre pension de retraite de base, alors cette dernière ne vous est plus versée.
En résumé, en tant qu’auto-entrepreneur, vos droits à la retraite dépendent directement de votre chiffre d’affaires déclaré et des cotisations versées. Pour assurer une retraite sereine, veillez à atteindre ou dépasser les seuils de chiffre d'affaires permettant de valider 4 trimestres par an. Pensez aussi à optimiser votre activité, et envisager des solutions complémentaires comme le PER. Anticiper dès aujourd’hui, pour mieux préparer votre retraite de demain.
Rendez-vous sur le site info retraite ou chez votre intermédiaire d'assurance pour en savoir plus sur votre future retraite.
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