Perte de mémoire des seniors : quand faut-il s’inquiéter ?
Avec l’âge, la mémoire peut flancher. Faut-il s’en inquiéter ? À partir de quand un oubli n’est-il plus anodin ? Comment repérer les signes d’Alzheimer ? Cet article vous aide à faire la différence entre vieillissement normal et trouble cognitif.
Publié le 18/09/2025 - 10 minutes
Quand la mémoire flanche : faut-il s’inquiéter ?

La mémoire est une fonction physiologique essentielle qui permet, entre autres, de communiquer, de créer des liens sociaux, ou encore de travailler. La mémoire à long terme sert à accumuler des connaissances et des souvenirs. Quant à la mémoire à court terme, elle permet d’accomplir la plupart des tâches du quotidien comme se laver, parler et manger.
Chercher ses mots, se tromper de prénom et ne plus se rappeler où on a garé sa voiture sont des oublis communs parmi les seniors. Vieillir s’accompagne souvent d’un ralentissement cognitif : la mémoire immédiate devient moins efficace, le traitement de l’information est plus lent, et l’on peut éprouver plus de difficultés à se concentrer. Ces évolutions sont tout à fait normales et font partie du vieillissement cérébral. De plus, notre état de santé moral et notre niveau de fatigue physique ont des répercussions sur notre mémoire. La plupart du temps, se reposer ou réfléchir calmement suffit à régler le problème.
Mais il est essentiel de distinguer les troubles de la mémoire liés à l’âge de ceux qui peuvent signaler une pathologie.
Ce qui est normal :
- Oublier ponctuellement le nom d’un acteur ou le titre d’un film.
- Chercher ses lunettes alors qu’elles sont sur sa tête.
- Ne pas se rappeler tout de suite d’un événement ou d'un rendez-vous.
- Avoir des moments d’inattention passagers.
Ce qui doit alerter :
- Répéter plusieurs fois les mêmes questions ou les mêmes histoires.
- Oublier des événements importants ou récents.
- Se perdre dans un lieu familier.
- Avoir des difficultés à suivre une conversation simple.
- Présenter des changements de comportement (apathie, irritabilité, repli sur soi).
Ainsi, les pertes de mémoire occasionnelles ne devraient pas vous inquiéter. Si vous avez besoin de vous rassurer, vous pouvez tout de même faire le test en ligne de la Fondation Recherche Alzheimer. En répondant aux questions, vous pourrez déterminer si vos oublis sont sans gravité. Évaluer vos capacités de mémorisation de manière régulière est un geste préventif essentiel. N’hésitez pas à faire le point, au besoin, avec un professionnel de santé à l’occasion d’une consultation annuelle.
Cependant, les problèmes de mémoire peuvent avoir plusieurs origines, notamment des troubles cognitifs plus sérieux. Voici ce qui peut causer des pertes de mémoire après 50 ans.
Rétrograde, antérograde : quels sont les différents types de perte de mémoire (amnésie) ?
Les troubles de mémoire (appelés aussi troubles mnésiques) recouvrent plusieurs formes d’amnésie, qui peuvent être neurologiques (lésions cérébrales) ou psychogènes (liées à un traumatisme).
- L’amnésie rétrograde : il s’agit de l’incapacité à évoquer des souvenirs antérieurs à l’événement déclencheur. Elle peut résulter d’un traumatisme crânien, d’une maladie neurologique ou d’un choc émotionnel (amnésie psychogène).
- L’amnésie antérograde : le patient a des difficultés à fixer de nouveaux souvenirs après un événement déclencheur. La mémoire ancienne reste souvent intacte, mais les faits récents s’effacent rapidement.
- L’amnésie rétroantérograde : c’est une combinaison des deux formes précédentes, où l’on oublie à la fois les souvenirs anciens et les événements récents.
- L’amnésie lacunaire ou ictus amnésique transitoire : il s’agit d’une perte temporaire de mémoire durant quelques heures, avec répétition incessante des mêmes questions. Elle est souvent bénigne et sans séquelle durable.
- L’amnésie dissociative (ou psychogène) : cette perte de mémoire se limite à des événements traumatiques ou personnels, sans lésions cérébrales visibles. Elle est souvent réversible après une psychothérapie adaptée.
Par ailleurs, des troubles comme le syndrome de Korsakoff, lié à une carence en vitamine B1, combinent une amnésie antérograde et rétrograde avec des fabulations et une désorientation temporelle.
Chaque type d’amnésie repose sur des mécanismes différents (neurologiques, traumatiques ou psychiques) et requiert une prise en charge spécifique adaptée à son origine.
Quelles sont les causes de perte de mémoire après 50 ans ?
De nombreux facteurs peuvent affecter les facultés de mémorisation et causer des pertes de mémoire, notamment chez les personnes âgées.
Les pertes de mémoire non pathologiques
Parmi les problèmes de mémoire non pathologiques, on retrouve les cas suivants.
- Le vieillissement : ce processus physiologique normal affecte l’ensemble des cellules, y compris les neurones. Cela peut entraîner des pertes de mémoire occasionnelles. Bien que commun, ce phénomène entraîne une certaine frustration chez les personnes qui en souffrent, mais la plupart du temps, ces oublis sont banals et n’ont pas ou peu d’incidence sur le quotidien.
- Les médicaments : les pertes de mémoire peuvent être liées à la prise de certaines classes de médicaments, notamment les anxiolytiques et les antidépresseurs. Dans ce cas, les problèmes de mémorisation sont passagers.
- Les intoxications : l’alcool et les drogues récréatives sont des substances qui ont des effets toxiques sur l’organisme. Elles affectent temporairement les fonctions cognitives et entraînent, notamment, des problèmes de mémorisation. Dans certains cas, les effets peuvent être plus longs, voire permanents. Par exemple, les personnes qui souffrent d’alcoolisme peuvent développer le syndrome de Korsakoff, une pathologie qui s’attaque à la mémoire à court terme.
- Les habitudes de vie : le manque de sommeil, la sédentarité, le tabagisme, les carences en vitamines et nutriments essentiels ont aussi des impacts sur notre capacité à apprendre de nouvelles choses et à faire appel à notre mémoire à court et à long terme.
Les pertes de mémoire liées à une pathologie
Parmi les pertes de mémoire liées à une pathologie, on retrouve les cas suivants.
- La dépression : ce trouble de santé mentale répandu peut entraîner des problèmes de concentration et de mémorisation. La perte de mémoire occasionnelle est, en effet, commune chez les personnes âgées atteintes de dépression. Des thérapies cognitives peuvent aider à gérer ce symptôme.
- Le trouble cognitif léger : outre la perte de mémoire, il affecte d’autres fonctions cognitives. En plus de subir des trous de mémoire, la personne affectée par ce trouble éprouve des difficultés légères à raisonner, à faire preuve de discernement, à s’exprimer. En principe, ce trouble n’a pas d’impact significatif sur le quotidien.
- L’amnésie globale transitoire ou ictus amnésique : cette pathologie se manifeste par une perte de mémoire soudaine et temporaire. Durant 24 heures environ, la personne touchée ne se souvient pas de ce qui vient de se produire et ne peut plus rien mémoriser. Une fois ce délai passé, elle retrouve ses capacités. Les causes de l’ictus amnésique ne sont pas clairement identifiées, mais cela peut arriver à la suite d’un choc émotionnel, d’une intervention chirurgicale, d’une consommation excessive d’alcool. Les personnes à risque sont celles de plus de 50 ans.
- Les pathologies neurodégénératives : la plupart de ces maladies provoquent une perte de mémoire partielle ou totale et sont évolutives. Leur fréquence augmente avec l'âge, les personnes de plus de 65 ans étant les plus touchées. La maladie d’Alzheimer, la plus répandue, entraîne des déficiences cognitives telles que des troubles de la parole et de la compréhension, des troubles de la reconnaissance et des difficultés à effectuer des tâches simples du quotidien. La démence à corps de Lewy a des caractéristiques similaires et a des symptômes communs avec la maladie de Parkinson, qui affecte les fonctions motrices. D’autres types de démences, plus rares, peuvent impacter la vie quotidienne des seniors, comme la démence vasculaire provoquée par un accident vasculaire cérébral (AVC) ou de mini-AVC à répétition, ou la démence frontotemporale, proche d’Alzheimer en termes de manifestations.
D’autres causes non listées, pathologiques ou non, peuvent aussi être à l’origine d’un problème de mémoire chez une personne senior. Tout trouble qui a des répercussions sur le bien-être, la qualité de vie, l’estime de soi nécessite une prise en charge médicale. Pour obtenir un diagnostic, dirigez-vous vers un professionnel de santé.
Personnes âgées : les symptômes de la maladie d’Alzheimer
D’après une étude de BVA Xsight pour la Fondation Recherche Alzheimer, près de 1,3 million de personnes sont directement touchées par la maladie d’Alzheimer ou les maladies apparentées. La maladie d’Alzheimer ne se manifeste pas du jour au lendemain. Elle s’installe de manière insidieuse, avec des symptômes qui s’aggravent au fil du temps. Connaître ces signes permet une prise en charge plus rapide et donc un accompagnement plus efficace.
Les premiers signes :
- des trous de mémoire récurrents affectant la vie quotidienne ;
- des difficultés d’orientation dans le temps et l’espace ;
- une tendance à perdre des objets et à ne plus savoir comment les retrouver ;
- une altération du jugement (mal gérer ses finances, par exemple) ;
- une désorganisation dans les tâches habituelles (faire le ménage, suivre une recette simple, etc.).
Comment évolue la maladie ?
À mesure que la maladie progresse, les fonctions cognitives se détériorent davantage :
- la parole devient hésitante ;
- le langage s’appauvrit ;
- le malade peut ne plus reconnaître ses proches ;
- la perte d’autonomie s’accentue.
D’après la Fondation Médéric Alzheimer, la maladie est diagnostiquée en moyenne deux à trois ans après les premiers signes, d’où l’importance d’être attentif aux petits changements.
L’impact des pertes de mémoire sur le quotidien
Même lorsqu’elles ne sont pas liées à une maladie grave, les pertes de mémoire peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie des seniors.
Au niveau personnel, le fait de ne pas se souvenir de certaines choses peut générer de la frustration et de l’anxiété ainsi qu’une baisse de l’estime de soi. Les personnes concernées vont avoir tendance à se replier sur elles-mêmes car elles ont peur de se tromper ou de déranger, ou elles ressentent une gêne, voire de la honte parce qu'elles oublient.
Au quotidien, d’un point de vue pratique, ces personnes rencontrent des difficultés à gérer leurs rendez-vous, leurs médicaments, leurs papiers, etc. Leurs oublis peuvent provoquer des accidents domestiques. Elles sont confuses et perdent leurs repères dans des environnements familiers.
Les gestes à adopter pour préserver la mémoire
Comme on vient de le voir, la bonne nouvelle, c’est que la mémoire se travaille et s’entretient comme un muscle. En adoptant de bonnes habitudes au quotidien, on peut retarder le déclin cognitif et maintenir une bonne qualité de vie. Et il n’est jamais trop tard pour commencer à adopter les bons gestes.

Avoir un régime alimentaire équilibré : l’alimentation joue un rôle crucial dans la santé cognitive. Des régimes alimentaires tels que le régime méditerranéen, basés sur une alimentation variée et riche en oméga 3 (privilégiez les fruits, légumes, poissons gras, huile d’olive et céréales complètes, et limitez les sucres rapides et les produits transformés) auraient des effets bénéfiques sur le cerveau.
Pratiquer une activité physique régulière : la sédentarité n’est pas bonne pour le cerveau. Une étude a montré que le fait de rester assis plus de 12 heures par jour augmente le risque d’un déclin cognitif de 63 %. Quels que soient vos centres d’intérêt, bouger et faire de l'exercice physique est donc important car cela protège votre cerveau, notamment contre des dépôts toxiques pour vos neurones. Marche, danse, nage… On n’hésite pas à se lancer !
Entraîner son cerveau : cet organe doit être stimulé. Sa plasticité peut toujours être améliorée à l’aide d’exercices qui font appel à la concentration, la réflexion, la résolution de problème, etc. La lecture, la pratique d'un instrument de musique, la peinture, les exercices ludiques tels que le sudoku, les mots fléchés ou croisés, ou des jeux de société comme le Scrabble sont d’excellents moyens de solliciter vos neurones.
Dormir suffisamment : le sommeil est indispensable à la consolidation de la mémoire. Un manque chronique de sommeil perturbe le fonctionnement cognitif. Selon la Fondation Vaincre Alzheimer, un adulte a besoin de 7 à 8 heures de sommeil par nuit pour bien fonctionner cognitivement. Certaines études suggèrent que ne pas dormir suffisamment pourrait entraîner un risque plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer.
Prendre soin de sa santé mentale : anxiété, dépression, isolement social, tous ces facteurs nuiraient à la mémoire. Il est donc essentiel de maintenir un bon moral, de s’entourer, de parler de ses inquiétudes.
Traitement : quels médicaments pour la perte de mémoire ?
Il n’existe pas encore de médicaments pour améliorer la mémoire ou de traitement curatif contre la maladie d’Alzheimer. Ainsi, pour éviter que votre mémoire ne se détériore trop rapidement en vieillissant, il est conseillé d’adopter un mode de vie sain qui combine une alimentation équilibrée, la pratique d’une activité physique et cérébrale, et des relations sociales.
Comme indiqué plus haut, les professionnels de santé recommandent de suivre une alimentation basée sur le régime méditerranéen (riche en fruits, et oméga 3 (poissons), et pauvre en acides gras saturés). Veillez également à limiter votre consommation d’alcool, et évitez les carences en vitamines B1, B6, B9 et B12 qui peuvent entraîner des maladies neurologiques.
Concernant la maladie d’Alzheimer, il n’existe actuellement que des médicaments qui traitent les symptômes (Donépézil, Mémantine, Rivastigmine ou Galantamine) tels que les troubles du comportement, l’anxiété ou les troubles du sommeil. Mais la recherche continue d’avancer.
Quel médecin consulter en cas de problème de mémoire ?
Lorsque les troubles de la mémoire deviennent préoccupants, la première étape est de consulter votre médecin traitant. Celui-ci pourra évaluer la situation, écarter d’autres causes (dépression, effets secondaires de médicaments, carences…) et vous orienter vers un spécialiste si nécessaire.
Les spécialistes à consulter :
- Un neurologue, pour réaliser des examens plus approfondis (IRM, tests neuropsychologiques).
- Un gériatre, particulièrement formé pour suivre les troubles cognitifs chez les seniors.
- Un psychiatre, si les troubles sont liés à une dépression ou à un autre trouble mental.
Il existe également des consultations mémoire dans de nombreux hôpitaux et centres spécialisés (comme les Centres Mémoire de Ressources et de Recherche – CMRR) en France, qui permettent de diagnostiquer un trouble de la mémoire en offrant une évaluation complète des fonctions cognitives.
Pourquoi consulter tôt ?
Vous constatez que vous (ou un proche) avez des pertes de mémoire de plus en plus fréquentes ? N’hésitez pas à consulter rapidement un professionnel de santé. Une détection précoce de la maladie d’Alzheimer permet de :
- mettre en place un suivi et une prise en charge adaptés,
- retarder l’évolution de la maladie,
- mieux préparer l’avenir avec ses proches,
- éviter des situations à risque (chutes, désorientation…).
3 questions sur la perte de mémoire
1. À quel âge faut-il s’en préoccuper ?
La perte de mémoire légère peut survenir dès la cinquantaine, mais on commence à s’en inquiéter davantage après 65 ans, âge où le risque de démence augmente. Toutefois, ce n’est pas tant l’âge qui importe mais plutôt l’intensité et la fréquence des troubles. Il faut donc être attentif aux changements dans les habitudes et le comportement. Par exemple, le radotage, c’est-à-dire lorsque la personne pose plusieurs fois la même question sans parvenir à mémoriser la réponse, peut constituer un signal d’alerte.
2. Perte de mémoire chez les jeunes : est-ce possible ?
Oui, les troubles de la mémoire peuvent toucher tout le monde, même les plus jeunes. Cependant, ils sont souvent anodins et les causes sont différentes :
- le stress,
- la fatigue et le manque de sommeil,
- le surmenage intellectuel ou émotionnel,
- l’abus d’écrans et la surcharge d’informations
- l’anxiété ou la dépression,
- la prise de certains médicaments,
- un choc émotionnel.
Dans ces cas, on parle de troubles de la concentration ou de la mémoire de travail, souvent réversibles avec de meilleures habitudes de vie. Si les troubles persistent, une consultation médicale s’impose.
À noter : un début précoce d’Alzheimer est très rare chez les moins de 60 ans. En France, 33 000 personnes de moins de 60 ans sont atteintes de la maladie d’Alzheimer.
3. Peut-on entraîner sa mémoire ?
Oui, on peut entraîner sa mémoire comme un muscle ! Des activités simples permettent de stimuler efficacement le cerveau : jeux de mémoire, lecture, mots croisés, sudoku, apprentissage d’une langue ou d’un instrument, bricolage. Ces exercices favorisent les connexions neuronales et ralentissent le déclin cognitif. Participer à des activités sociales, discuter régulièrement ou même changer ses habitudes quotidiennes (changer de chemin, cuisiner une nouvelle recette…) contribue aussi à maintenir l’agilité mentale. L’important est de rester curieux et actif, et ce à tout âge.
En conclusion
La perte de mémoire n’est pas une fatalité. Si elle est normale à un certain âge, elle peut aussi être le signe avant-coureur d’un trouble plus sérieux. Apprendre à l’observer, savoir quand s’en inquiéter, consulter les bons professionnels, et adopter les bons réflexes sont autant de moyens de vivre mieux, plus longtemps et avec une bonne mémoire. N’attendez pas que les troubles s’aggravent pour consulter.