Recourir à un commissaire de justice
(ex-huissier): quelles démarches ?
(ex-huissier): quelles démarches ?
Pour régler certaines situations conflictuelles, vous pouvez faire appel à un commissaire de justice, nouvelle profession réglementée issue de la fusion, le 1er juillet 2022, des anciennes professions d’huissier de justice et de commissaire-priseur judiciaire. Quel est son rôle ? Dans quel cas le contacter ? Que faut-il savoir avant de faire appel à ce professionnel qui dispose d'un statut d’officier public ?
Publié le 09/12/2025 - 7 mn
Qu’est-ce qu’un commissaire de justice (ex huissier) ?
Le commissaire de justice exerce une profession libérale réglementée. C’est un officier public assermenté par l’État. Il est principalement chargé de signifier les actes de procédures, de mettre à exécution des décisions de justice et des mesures d’exécution forcée (saisies, expulsion, etc.) ou encore de faire un constat dans le cadre d'un litige.
Est-ce qu'un particulier peut faire appel à un commissaire de justice (ex huissier) ?
Absolument ! Tout particulier peut solliciter directement un commissaire de justice sans passer par un avocat ou une institution. Cette accessibilité constitue un atout majeur pour résoudre rapidement des situations conflictuelles variées.
Que vous soyez locataire, propriétaire, créancier ou simple citoyen, vous avez le droit de contacter ce professionnel pour défendre vos intérêts. Par exemple, lors de conflits de voisinage ou de loyers impayés, l'intervention d'un commissaire peut éviter une procédure judiciaire coûteuse.
Sa compétence exclusive dans certains domaines garantit l'efficacité de son action. Pour d'autres missions comme les constats ou le recouvrement de créances, il agit en tant que professionnel du droit accessible à tous.
Cette démarche s'avère particulièrement utile quand les tentatives de résolution amiable ont échoué. Le commissaire peut alors jouer un rôle de médiateur ou engager les procédures nécessaires pour faire respecter vos droits.
Dans quel cas faire appel à un commissaire de justice (ex huissier) ?
Vous pouvez recourir à ce professionnel de la justice si vous vous trouvez dans une situation de litige.
- Dans le cadre de votre activité professionnelle, pour des factures impayées par exemple.
- Dans le cadre de votre vie privée, par exemple en cas de litige avec un voisin, un entrepreneur ou encore si votre ancien conjoint n’a pas versé sa pension alimentaire.
Il intervient aussi bien dans le cadre d’une démarche judiciaire qu’en dehors de toute action devant un tribunal.
En cas d’impayés
Le commissaire de justice peut intervenir auprès de votre débiteur pour obtenir le remboursement de sa dette.
Pour cela, il dispose de deux moyens d’actions.
- Le règlement du litige à l’amiable
Cette démarche permet d’éviter un procès souvent coûteux. Le commissaire de justice a un rôle d’intermédiaire et de conciliateur auprès du débiteur pour fixer un échéancier convenant aux deux parties.
- Le règlement du litige au tribunal
Si l’affaire est portée au tribunal, le commissaire de justice doit exécuter la décision du juge et faire appliquer le paiement des créances. Il est le seul habilité à procéder aux saisies mobilières (meuble, véhicule, etc.) et immobilières (maison, terrain, etc.) ainsi que des saisies sur les comptes bancaires.
Pour établir un constat
- Le commissaire de justice est habilité à effectuer des constats pour régler une situation litigieuse. Ces constats sont autant de preuves incontestables pour un éventuel recours auprès des autorités, des tribunaux ou des compagnies d’assurance. Le commissaire de justice se déplace au domicile, sur le lieu de travail, sur la voie publique ou tout autre endroit pour établir le constat. Il relève les informations nécessaires en réponse à votre demande (malfaçons de travaux, nuisances répétitives de voisinages, abandon de poste, etc.).
- Il peut également effectuer des captures d’écran de documents informatiques sur des sites internet ou des réseaux extranet, en entreprise ou chez des particuliers, dans le cadre de plaintes pour diffamation, plagiats, publicités mensongères ou messages tendancieux sur les réseaux sociaux.
À noter : il est désormais possible de déposer des documents (factures, courriers, notes, etc.) dans un espace de stockage dédié et sécurisé en ligne, comme le proposent par exemple certaines plateformes.
Autres interventions
En dehors de ces cas, vous pouvez faire appel à un huissier de justice si vous souhaitez :
- des conseils ou des informations pour la rédaction de contrats, comme un bail de location par exemple, pour vous assurer du caractère officiel dans le respect de la loi.
- Faire apposer des scellés ou faire des inventaires lors du décès d’une personne.
- Faire vérifier le bon déroulement de l’organisation d’un jeu concours.
- Le commissaire de justice est également habilité à remettre en main propre les convocations des assignations à comparaître devant un tribunal et à annoncer les décisions de justice en matière de divorce ou de rupture de Pacs.
- Il peut également effectuer des ventes publiques de biens mobiliers ou immobiliers, à la demande des ayant droits ou dans le cadre de ventes forcées prescrites par la loi ou le juge.
Comment contacter un commissaire de justice ?
Vous trouverez les coordonnées des commissaires de justice proches de chez vous sur le site de la Chambre nationale des commissaires de justice. Vous pouvez faire appel au commissaire de justice de votre choix. Il doit impérativement exercer dans la même zone géographique que :
votre locataire si vous souhaitez lui donner congé ;
votre créancier pour le règlement d’une dette ;
la personne que vous souhaitez assigner en justice ;
le lieu où le constat doit être effectué.
Quel est le prix de l'intervention d’un commissaire de justice (ex huissier) ?
Comme les huissiers avant eux, les commissaires de justice sont soumis à des tarifs fixés par décret pour les activités résultant de leur monopole.
La somme varie selon le type d’acte effectué, la valeur du bien ou les sommes en jeu. Il faut par exemple compter (hors frais supplémentaires spécifiques) :
18.09 € H.T. pour une assignation, si le débiteur doit entre 128 et 1280 € ;
51, 06 € H.T. pour un commandement de payer les loyers et les charges si la somme due par le locataire est supérieure à 1 280 € ;
304,28 € H.T. pour un procès-verbal d’expulsion ou de reprise des lieux lorsque le débiteur doit plus de 1 280 €.
Pour les activités hors monopole – c’est-à-dire celles qui ne relèvent pas d’une assignation à comparaître devant un tribunal, de signification de décisions de justice et d’exécution des décisions de justice et des actes notariés comme le constat – les commissaires de justice sont libres de fixer leur tarif.
À noter : vous pouvez demander à bénéficier d’une réduction tarifaire si votre situation financière est fragile (aide juridictionnelle, surendettement, expropriation, etc.).
Peut-on contester l’acte d’un commissaire de justice ?
Un commissaire de justice n’a pas tous les droits même lorsqu'il accomplit une décision de justice. Vous pouvez contester la validité d’une saisie ou les frais facturés.
- Si cela concerne un procès en cours, une contestation de l’acte peut être portée devant le tribunal chargé de l’affaire. Si vous souhaitez contester les frais engagés lors d’une affaire judiciaire, vous devez saisir par écrit le greffier en chef du tribunal concerné. Celui-ci vous remet, après rectification, un certificat de vérification à notifier au commissaire de justice, qui dispose alors d’un mois pour le contester. Si le commissaire de justice conteste le certificat de vérification dans le délai imparti, le litige sera finalement tranché par le président du tribunal concerné ou un juge délégué à cet effet.
- En dehors de toute procédure judiciaire, la contestation doit être portée par assignation devant le juge de l’exécution. Si vous contestez les frais engagés, vous devez saisir par écrit le tribunal de proximité (jusqu’à 10 000 € de frais) ou le tribunal judiciaire (au-delà de 10 000 €) auquel est rattaché le commissaire de justice. La procédure est alors identique à celle concernant la contestation de frais lors d’une procédure judiciaire.