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Crémation : peut-on jeter les cendres d'un défunt dans la nature ?

En 2024, 46 % des obsèques en France ont donné lieu à une crémation. Mais une question revient souvent : que peut-on faire des cendres ? Que dit la loi ? Et que faire de l’urne funéraire vide ? Toutes les réponses sont ici.

Définition de la crémation

La crémation est une technique funéraire visant à réduire en cendres, par l'action de la chaleur, le corps d'un défunt.

Si vous souhaitez être incinéré à votre décès, il faudra manifester clairement cette volonté de votre vivant auprès de votre entourage ou laisser une note écrite, par exemple dans votre livret de famille. Vous pouvez plus simplement prévoir cette disposition dans le cadre d'une Convention Obsèques.

Pour éviter toute incertitude à vos proches, informez-les également de vos souhaits quant au devenir des cendres, si vous voulez qu'elles soient dispersées ou conservées dans un lieu spécifique. Sans indication de votre part, les cendres seront déposées dans un cimetière.

Comment se passe une crémation ?

La crémation a lieu dans un crématorium. Une cérémonie (civile ou religieuse) ou un temps de recueillement est généralement organisé autour du cercueil. Le cercueil est ensuite placé dans le four porté à 850 °C. Les flammes ne sont pas visibles.

Deux heures plus tard, l'urne contenant les cendres du défunt est remise aux proches.

À noter : la crémation n'est possible que 24 heures au moins et 6 jours au plus tard après le décès (les dimanches et jours fériés ne sont pas comptabilisés dans ce délai). Elle nécessite l'autorisation du maire de la commune du lieu de décès.
Lorsque le décès a lieu à l'étranger ou dans un territoire d'outre-mer, la crémation est possible six jours au plus tard après l'entrée du corps en France.

Peut-on jeter les cendres d’un défunt dans la nature ?

La réponse est oui… mais sous conditions. Depuis la loi n° 2008-1350 du 19 décembre 2008 (article 16) relative à la législation funéraire, les cendres issues d’une crémation sont considérées comme un corps à part entière. Ce changement de statut implique que leur dispersion ou leur conservation est soumise à des règles strictes, afin de préserver la dignité due aux défunts.

Jeter les cendres d’un défunt dans un lieu naturel est autorisé, à condition que cela se fasse dans des lieux publics ou privés, mais jamais sur la voie publique ni dans un lieu fréquenté ou habité (article L2223-18-2 du Code général des collectivités territoriales). En clair, on ne peut pas disperser les cendres dans un jardin privé sans autorisation, ni dans un parc, ni dans un cours d'eau traversant une ville.

La dispersion en pleine nature (forêt, montagne, mer) est permise, à condition qu’il s’agisse d’un espace non aménagé, ouvert, et sans affectation spécifique. Il est par exemple envisageable de répandre les cendres au sommet d’une montagne ou en pleine mer, dans des conditions de discrétion et de respect.

Cependant, il faut obligatoirement faire une déclaration à la mairie de la commune de naissance du défunt, mentionnant l’endroit exact de la dispersion (article L2223-18-3). Cette information est inscrite dans le registre d’état civil, afin de conserver une trace de ce dernier hommage.

Où a-t-on le droit de disperser les cendres d'un défunt ?

La loi française prévoit plusieurs options pour les familles souhaitant se séparer des cendres d’un proche.

En pleine nature

Comme vu précédemment, la dispersion en pleine nature est autorisée, à condition que le lieu soit naturel et non aménagé. Cela peut inclure :

  • une forêt isolée,
  • une montagne,
  • une prairie non cultivée,
  • en mer, à condition de se trouver à une distance suffisante des côtes (plus de 3 milles marins, soit environ 6 km).

Important : l’urne ne doit jamais être jetée dans la nature, même biodégradable. Seules les cendres peuvent l’être, sauf dans le cas d'une dispersion en pleine mer (voir paragraphe suivant). Toute dispersion doit se faire dans le respect du lieu, de la nature et des personnes qui pourraient y passer ultérieurement.

En mer

La dispersion des cendres en mer est possible, mais elle est elle aussi réglementée. Il faut respecter le Code des transports maritimes et prévenir la préfecture maritime du lieu de départ. Les cendres doivent être dispersées hors des voies et des espaces publics maritimes qui sont clairement balisés ou délimités. Il s’agit notamment des côtes, des plages, des ports, des chenaux d'accès, des parcs de culture ou d'élevage marin, etc. Les cendres peuvent être versées directement à la surface de l’eau, ou dans une urne soluble (en sel ou en carton biodégradable), conçue pour se désintégrer dans l’eau.

Il est interdit de disperser les cendres dans une rivière ou un fleuve, en raison des risques de pollution et de leur proximité avec les habitations.

Dans un cimetière ou un espace cinéraire

Les cimetières et crématoriums disposent d’un site cinéraire, souvent appelé jardin du souvenir ou puits du souvenir. Il s’agit d’un espace dédié au dépôt des urnes funéraires et à la dispersion des cendres du défunt. C’est une solution respectueuse du cadre légal, simple à mettre en œuvre et gratuite. Chaque dispersion dans un jardin du souvenir est également consignée dans les registres de la commune.

Dans un cimetière ou un site cinéraire, il existe d’autres possibilités de se séparer des cendres d’un défunt. Vous pouvez :

  • inhumer l'urne dans une sépulture existante ou en créer une en pleine terre ou en cavurne ;
  • sceller l'urne sur un monument funéraire ;
  • déposer l'urne dans un columbarium, c’est-à-dire un bâtiment cinéraire composé de cases dans lesquelles on place les urnes funéraires.
  • inhumer gratuitement l'urne dans le terrain communal du cimetière.

À noter : si vous choisissez de déposer l'urne dans un columbarium, vous pouvez personnaliser la porte de la case car elle est considérée comme un monument funéraire.

Dans une propriété privée

Il est interdit de disperser les cendres dans un jardin privé sans autorisation préalable du propriétaire du terrain (si ce n’est pas vous-même) et déclaration en mairie. Même dans le cadre d’une propriété privée, il est recommandé de respecter un certain isolement du lieu.

Enfin, il est interdit de disperser les cendres à l’intérieur d’un lieu clos (comme une maison), sur la voie publique ou dans tout lieu destiné à l’usage collectif.

Bon à savoir. Si après l'incinération, vous ne savez pas quoi faire de l'urne et vous avez besoin de temps pour prendre votre décision, sachez que le crématorium peut la conserver pendant une durée maximale de 1 an (article L2223-18-1).

Après ce délai, si vous n'êtes pas venu chercher l'urne, le crématorium pourra disperser les cendres dans le jardin funéraire du cimetière de la commune du lieu de décès ou dans le site cinéraire le plus proche.

Peut-on garder les cendres d’un défunt chez soi ?

Avant 2008, il était courant de conserver une urne funéraire chez soi, sur une cheminée ou dans un jardin. Mais depuis la loi du 19 décembre 2008, cela n’est plus permis. Cependant, vous pouvez placer l’urne dans une sépulture sur votre propriété en demandant une autorisation préfectorale. L'inhumation de l'urne crée une sépulture et une servitude à caractère perpétuel. Cela implique de garantir un accès des héritiers du défunt à la sépulture, même lorsque la propriété sera vendue.

Le législateur a voulu éviter toute « appropriation » des cendres à usage privé. Ainsi, il est interdit de garder l’urne dans son domicile, même temporairement. Une seule exception est tolérée : si la crémation a lieu à l’étranger et que la législation locale l’autorise, il peut être possible de la conserver, sous réserve de faire une demande spécifique à la préfecture.

Combien de temps peut-on garder une urne chez soi ?

Dans les faits, si les familles conservent parfois l’urne chez elles le temps de prendre une décision, cela ne devrait pas excéder un an. Au-delà, elles sont tenues de choisir un lieu de destination légale.

Que faire de l’urne vide après la dispersion des cendres ?

Une fois les cendres dispersées, la question se pose du devenir de l’urne. Lorsqu’elle est vide, elle perd son statut de sépulture pour devenir un contenant neutre. Le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) ne prévoit aucun statut juridique spécifique pour une urne funéraire vide. Plusieurs solutions existent.

La restituer au crématorium ou au prestataire funéraire

C’est la solution la plus simple : le crématorium récupère l’urne vide après la dispersion des cendres. Selon la politique de l’établissement ou le souhait de la famille, l’urne peut être détruite, recyclée ou réutilisée dans le respect des normes sanitaires et éthiques.

La conserver chez soi

L’urne vide étant considérée comme un bien meuble, vous pouvez tout à fait la conserver chez vous. Ainsi, certaines familles décident d’aménager un endroit chez eux pour y installer l’urne funéraire afin d’en faire un lieu de recueillement.

La déposer dans une case de columbarium (sans les cendres)

Si vous souhaitez conserver une trace symbolique, il est possible de placer l’urne vide dans un columbarium, accompagnée d’une plaque commémorative. C’est rare, mais certaines familles optent pour cette solution afin d’avoir un lieu où se recueillir, même après dispersion.

La remettre à un artisan ou sculpteur

Certaines urnes sont de véritables objets d’art. Dans ce cas, elles peuvent être confiées à un artisan spécialisé pour être transformées (en objet d’art, bijou souvenir, etc.), à condition qu’elles ne contiennent plus de cendres.

L’utiliser pour planter un arbre ou des fleurs

Voici une jolie manière d’honorer la mémoire du défunt. Utiliser l’urne funéraire pour y planter un arbre ou des fleurs est aussi un geste symbolique et écologique. De plus, il existe aujourd’hui des urnes fabriquées à partir des matières biodégradables, comme le sable, le sel ou le carton. Vous pouvez donc l’enfouir directement en pleine terre avec la plante choisie ou vous en servir pour y accueillir une plante d’intérieur.

Ne jamais la jeter dans la nature

Rappelons-le, l’urne, même vide, ne doit pas être abandonnée dans la nature, même si elle est biodégradable. Ce geste est considéré comme un abandon de déchet et peut faire l’objet de sanctions administratives.

Bon à savoir. L'urne est composée de deux éléments : le « cendrier » qui est scellé et le « vase » fabriqué dans différentes formes et divers matériaux. Ainsi, les cendres ne sont pas en contact direct avec l’urne, mais dans un contenant hermétique placé dans l’urne.

En conclusion

La dispersion des cendres d’un défunt dans la nature est possible, mais elle est strictement encadrée par la loi pour respecter la mémoire du défunt et l’environnement. Ces règles visent à trouver un équilibre entre liberté de culte, respect des dernières volontés du défunt et ordre public. Dans tous les cas, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre commune ou d’un professionnel des obsèques pour être accompagné dans ces démarches sensibles.
 

Sources

La crémation en France : un choix de plus en plus plébiscité. OGF. Ipsos. 2024.

Service-public.fr

Alpes-maritimes.gouv.fr

collectivites-locale.gouv.fr

 

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